On est lundi, je viens de me réveiller, mes paupières sont lourdes et mes yeux sont au bord des larmes. Les enfants commencent à se chamailler. Ça crie dans tous les sens. L’ado sur-hormonée titille le petit et le chien s’y met en renversant sa gamelle d’eau ! Rien qu’à l’idée de la journée IEF qui se profile, j’ai envie de pleurer. Pourtant je décide de commencer par notre routine habituelle : un petit moment de lecture à haute voix avec les enfants ! Mais plus je lis, plus la tribu s’anime autour du petit-déjeuner au lieu d’écouter, et plus je me dis que je préfèrerais encore aller me faire arracher toutes les dents de sagesse chez mon dentiste que de continuer le récit de la Princesse Dézecolle et de son Prince de Motordu !
Mais la petite voix de la raison (Jiminy Cricket, sors de ce corps !) me chuchote (suffisamment fort pour que je l’entende malgré les cris du benjamin que son frère a sans doute égorgé !) : « Eh, continue, c’est ton boulot quand même d’instruire tes enfants ! ». Alors, comme une grande fille raisonnable et cohérente dans ses choix, je poursuis sagement la lecture en serrant les dents (celles de sagesse que je possède encore !).
Mais, il aurait été plus judicieux de mettre en route l’enceinte mp3 et d’écouter une histoire enregistrée du Père Castor. Plus sage aussi de laisser la maman (pas l’instructrice !) siroter son thé en toute tranquillité (et en pyjama) pour qu’elle reprenne ses idées, planifie sa journée voire sa semaine dans le calme !
Avez-vous déjà vécu un lundi comme ça ? Non, certainement pas …vous êtes une femme parfaite doublée d’une instructrice géniale et triplée d’une épouse accomplie !
Osons le dire, l’école à la maison, c’est parfois assez difficile, mais j’avoue aussi que j’ai tendance à ne pas me faciliter la vie nonsco en tombant dans des schémas préconçus ou des mentalités absurdes. Je sais vraiment ce qu’il faut faire pour que l’IEF soit pourri. Et puisque je connais la recette, sur le bout de mes nerfs, je vous offre aujourd’hui un mode d’emploi efficace (et testé !) pour que votre IEF soit un cauchemar !
1.Refuser de poser LE livre de référence de l’IEF
Vous savez ? Ce titre qui change la vie, qui est sur toutes les listes de lecture des familles nonscos bien pensantes et expertes ? Celui dont la simple vue engendre chez vous une crise d’urticaire. Mais que vous continuez à lire (à suivre, à mettre en place, à utiliser…) assidûment page après page pour que les enfants soient instruits en famille comme il se doit ? Remettez-le sur l’étagère, s’il vous plaît ! Vos enfants peuvent le lire eux-mêmes s’ils le souhaitent ! A sa place, choisissez un titre qui vous ressemble et qui vous fait piétiner d’impatience. Il y a de fortes chances pour qu’au bout de quelques pages, vos enfants soient devenus complètement accro de cette lecture (site, pédagogie ou manuel).
On aurait aussi pu dire, ce site, ce manuel, cette pédagogie qui marchent chez les autres nonscos, mais ne fonctionne pas forcément CHEZ vous parce que vous êtes unique !
2. Ne pas oser faire l’école buissonnière !
Ouch ! L’hiver est parfois très long et très gris ! Pour préserver la santé mentale de toute la famille, si la météo matinale prévoit un réchauffement et une accalmie printanière, faites taire Jiminy et ne persistez pas dans votre routine d’école à la maison ! Sortez ! Emmenez l’école à l’extérieur pour profiter de l’air frais avec vos bambins !
Lisez notre article : l’ief au cœur de la nature !
3. Etre trop exigeante avec vous-même !
Vos enfants sont-ils suffisamment grands pour vous aider ? Si vous essayez de tout faire, de l’instruction en passant par le nettoyage et la cuisine, les courses, le repassage et la lessive, l’épuisement professionnel sera votre fidèle compagnon. Eh oui, on peut faire un burn out en ief !
Aujourd’hui quand ma liste hebdomadaire de choses à faire devient trop longue, je me demande si certaines tâches ne pourraient pas être accomplies par les enfants. Et parfois, ils les font avec plaisir !
4. Etre trop exigeante avec vos enfants !
Si les acquis et les leçons rendent oppressante l’ief, et que vous avez l’impression que le travail à la table devient un sujet de conflit rendant l’atmosphère à la maison irrespirable, faites une pause et réfléchissez !
Quand je suis tentée de trop pousser mes enfants (et que je m’en rends compte !!!), je me questionne : « Est-ce que les enfants ont vraiment besoin de savoir ça maintenant ? Est-ce que c’est pertinent pour leur vie en ce moment ? »
5. Ancrer votre instruction dans une crainte de l’avenir
Si l’instruction que je donne à mes enfants est inscrite dans une peur profonde pour leur avenir, leur emploi, ou leur intégration sociale, les résultats risquent de ne pas être beaux ! Il est plus utile d’apprendre ce qui nous est nécessaire aujourd’hui ! A quoi cela servirait-il d’étudier en tenant compte de tous les « si » imaginables ?
Et si le chômage ne régresse pas ? Et si ce métier était un métier d’avenir ? Et si ce job ne permettait pas de gagner correctement sa vie ? Et si… ? Et si… ?
Avec des SI on mettrait Paris en bouteille et nos enfants en cage !
6. Ne pas tenir compte de nos goûts et passions !
Ne poussez pas trop loin votre sacrifice personnel car il ne sera pas profitable à ceux qui vivent sous votre toit. Un parent qui manque de sommeil, ne sera pas au top pour faire l’école à la maison. Un adulte qui aura abandonné tout ce qu’il aimait pour enseigner à ses enfants risquera d’être aigri. C’est aussi à travers nos passions que nous sommes les plus aptes à enseigner nos enfants. Nous les instruisons à travers ce que nous sommes. Nous leur montrons la voie grâce à ce que nous apprenons et ce qui nous passionne.
7. Être trop matérialiste
On ne peut tout simplement pas créer une atmosphère tranquille et inspirante si l’aspirateur est toujours prêt à être dégainé ou si dès qu’on se déplace, on s’accroche à tous les bibelots en porcelaine de Limoges ! Pourquoi ne pas instaurer de temps en temps des jours fériés familiaux pour que vos grands enfants vous aident à faire le tri dans tout ce qui encombre vos pièces ? S’ils n’ont pas envie, déclarez l’ouverture de la » semaine du cinéma « . Chaque jour, montrez-leur un film pendant que vous vous attaquerez à désencombrer votre maison pour que les apprentissages y soient plus productifs et moins périlleux !
8. Refuser de laisser de côté le niveau scolaire
« X est en CE2, donc cette année il doit maîtriser ceci, cela, et cela. » Embrassez la liberté que vous offre l’IEF, et la possibilité d’abandonner ces compartiments et catégories, ces cages scolaires. Votre enfant est un individu unique – ne devrait-il pas recevoir une éducation unique dans sa vie ?
S’il y a des choses que vous devez absolument étudier, faites-le. Mais assurez-vous de pouvoir toujours trouver une raison qui ait du sens à la question « Pourquoi ne doit-il pas passer à côté de ce chapitre ? Ensuite, blottissez-vous dans un canapé douillet avec votre enfant et découvrez ce qu’il aimerait apprendre – profitez du fait que vous avez le temps de le faire.
9. Comparer, comparer, comparer
Imaginez comme nos journées seraient paisibles si nous pouvions nous débarrasser de notre propension à comparer nos enfants. C’est si naturel de comparer nos familles avec d’autres familles, ou de comparer un frère ou une sœur avec un autre frère ou une autre sœur. Mais quand on joue à ce jeu tout le monde est perdant. Quand nous arrêtons, nous gagnons une liberté très chère. Au lieu d’imposer à chaque enfant-élève des normes générales, il est plus utile de se demander : « Est-ce que cet enfant fait des progrès ? » C’est peut-être un détail qui pourra rapporter gros ! Essayons de nous concentrer sur ce qu’ils peuvent faire plutôt que sur ce qu’ils ne peuvent pas. On est sûres que cela encouragera au lieu d’intimider.
10. Oublier le plus important
C’est l’histoire classique du verre vide ou du verre plein. Ou la tendance à se concentrer sur les détails de notre vie au détriment de la profondeur de notre quotidien. Lorsque nous prenons du recul (par exemple quand les plus grands quittent le nid) et que nous ralentissons (en sirotant notre thé pendant que Père Castor s’occupe de l’histoire !), nous pouvons redécouvrir les merveilles et la joie de notre IEF.
Mamans et papas, respirez profondément. Détendez-vous, ne vous prenez pas trop au sérieux !
Peut-être qu’éventuellement cela rendra notre IEF plus légère et vous évitera certains petits épisodes de cauchemar que nous avons vécus !
Merci merci! Le nez dans le guidon me fait souvent oublier le plus important, pas ce qui sera appris, mais qui mes enfants (et moi aussi, ça aussi je l’oublie) serons devenus. Avec un besoin de relâchement parfois qui doit être écouté. Merci carpe diem, ça fait du bien de lire ca alors que je me mets trop la pression tout en étant épuisée.