Orientons pour ouvrir des portes vers le futur
Enfant, j’adorais faire semblant d’être institutrice. Mais ma mère m’en a dissuadé, insistant sur le fait que c’était « bouché ». Nous étions en 1986, j’avais obtenu mon bac B, et elle m’a conseillé de faire du droit, parce que les conseillers juridiques étaient bien payés… Après une année pénible à essayer de suivre les cours malgré les piquets de grève, un voisin m’a recommandé d’étudier l’informatique, parce que c’était l’avenir… J’ai obtenu mes diplômes, mais sans passion. Moi, je voulais enseigner 😊 !
Alors j’ai d’abord conçu des manuels de formation, puis animé des formations pour des adultes en reconversion… et je me suis impliquée dans l’éducation de mes enfants, au sein d’ateliers parascolaires ou d’animations de bibliothèque scolaire. Et finalement, j’ai fait ce que je voulais faire depuis aussi loin que je me souvienne : en 2005, mes 3 grands quittèrent le circuit classique pour commencer de longues années d’instruction en famille.
J’enseigne encore à mon 4e garçon, Benjamin (12 ans) et je partage ma passion de la pédagogie au sein de l’association Carpe Diem !
Toute cette longue introduction pour insister sur le fait que l’orientation d’un enfant ne devrait pas être pensée en fonction du marché, ou de la mode. Il est nécessaire de le préparer à un monde (et des métiers !) qui n’existe pas encore.
Préparons nos enfants pour le monde à venir
Je suis mère à la maison ; j’enseigne ; j’écris des articles, je « blogue », je « community manage » ; je défends l’instruction en famille au sein de LAIA, j’organise des rencontres dans ma région ; je m’investis auprès de la bibliothèque de ma ville ; je crée des lapbooks, notebooks et supports originaux ; je pétille d’invention pédagogique et je ne me lasse pas d’innover dans ce domaine.
Tout cela, je ne pouvais l’imaginer lorsque je jouais à la maîtresse avec les enfants de mon quartier… Il n’y avait pas encore d’ordinateur, ni d’Internet ! Nous vivons dans un monde en constante évolution. Maria Montessori l’a dit « N’élevons pas nos enfants pour le monde d’aujourd’hui. Ce monde n’existera plus lorsqu’ils seront grands. Et rien ne nous permet de savoir quel monde sera le leur. Alors apprenons-leur à s’adapter. » En instruction en famille, il est plus facile pour nous d’observer et de guider nos enfants. Utilisons cette opportunité à bon escient.
Observons nos enfants
Qu’est-ce qu’ils aiment faire ? Que font-ils de leur temps libre ? Vers quelles activités reviennent-ils toujours ?
Aidons nos enfants à comprendre leur personnalité
Pourquoi la personnalité est-elle importante ? Voici un exemple. Mon mari a reçu une formation d’ingénieur en mécanique parce qu’il était doué en sciences et appréciait suffisamment les mathématiques et la technologie pour se diriger (qu’on le dirige) dans ce type de formation. Il a réussi ses diplômes brillamment, mais quand il s’est agi de décrocher un poste, il a essuyé plusieurs échecs. Pourquoi ? Parce qu’il n’était pas d’un tempérament « bulldozer ». Il demeure incapable de se mettre en avant lors d’un entretien d’embauche ou de tests de groupe. D’un caractère doux et soumis, il aurait certainement été broyé dans le monde parfois impitoyable de l’industrie. Pourtant, il avait toutes les compétences techniques pour être ingénieur ! S’il avait su tout ce qu’un emploi d’ingénieur sous-entendait, s’il avait discerné toutes les tâches diamétralement opposées à son identité profonde que ce métier englobait, il aurait pu s’orienter de façon plus juste et plus en harmonie avec sa personnalité.
Parlons des métiers
Décrivons les différents métiers rencontrés dans la vie quotidienne. On ne peut nier que chacun d’eux est un mélange de tâches banales, de défis et d’avantages. Assurez-vous que vos enfants sont conscients de ces dynamiques. Nos enfants ont besoin de comprendre qu’aucun métier n’est parfait, de peur qu’ils passent leur vie entière à courir après un mirage. Évidemment, vous ne pouvez pas exposer votre enfant à tous les métiers possibles. Pour autant, discuter avec eux de l’évolution des métiers peut aussi amener une plus large réflexion sur leur avenir.
Dans ma ville, il est aussi possible de s’inscrire à des ateliers « L’outil en main ». Une fois par semaine des artisans retraités et passionnés (pâtissier, électricien, ébéniste…) partagent leur savoir-faire à des enfants. C’est un bon moyen pour les plus jeunes de découvrir une large palette de métiers dans un cadre sécurisé mais aussi de mettre en pratique une passion naissante. Les vocations peuvent y naître, s’y développer ou connaitre des changements de directions radicaux.
Gardons une trace de leurs jeux et de leurs interactions avec autrui
Quels rôles assument-ils automatiquement dans un groupe ? Comment interagissent-ils avec les autres ? Observent-ils et traitent-ils silencieusement l’information avant de contribuer ou prennent-ils de suite les choses en main ? Sont-ils soutien ou leader ? Aiment-ils tester de nouveaux jeux, ou ont-ils tendance à s’en tenir à ce qui a déjà été fait ? Est-ce que trop d’activité et de conversation les submergent, ou s’en délectent-ils ?
Aidons nos enfants à poursuivre leurs intérêts
Si un enfant exprime son intérêt pour l’apprentissage d’une compétence, allons-y ! Mais avec de la mesure dans l’investissement selon son âge. Par exemple, si votre enfant de cinq ans veut apprendre à coudre, n’achetez pas une machine à coudre demain. Proposez-lui un kit de cartes à coudre avec une grande aiguille en plastique et un lacet.
Pour les plus jeunes, les intérêts sont éphémères et c’est tout à fait normal : à 8 ans, Robin voulait être pâtissier-forgeron, à 10 ans, moniteur d’équitation, à 15 ans, soldat, à 16 ans, pompier, à 19 ans, kiné… À l’adolescence, leurs passions deviennent de plus en plus évidentes, et vous investissez en toute confiance plus de ressources pour les développer. Même si plus tard ils changent encore de voie, ce qu’ils auront acquis ne sera jamais perdu !
Discutons, discutons, discutons
Au lieu de faire des suggestions, laissez votre enfant vous parler de ce qui le passionne. Rebondissez sur ses propos. Utilisez des questions ouvertes au lieu d’affirmations. Par exemple, au lieu de dire : « Tu aimes vraiment dessiner. Peut-être deviendras-tu un artiste ! », vous pourriez dire, « J’ai remarqué que tu passes beaucoup de temps à dessiner, qu’est-ce qui te plait dans cette activité ? » Vous pourriez être surprise par sa réponse.
Faire la paix avec un avenir inconnu
Impossible de garantir que vos enfants choisiront une carrière qui marie parfaitement leurs passions, leurs personnalités et leurs forces. Mais vous pouvez faire tout ce qui est en votre pouvoir pour les aider à mieux se connaitre. Ce qu’ils en feront leur appartient !
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